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Inondations : la Province doit jouer son rôle de pouvoir territorial.

Avant toutes choses, je voudrais m’adresser aux familles qui ont malheureusement perdu un proche lors des inondations qui ont frappé notre pays en juillet dernier, ainsi qu’à toutes les personnes sinistrées. Qu’elles soient assurées de tout mon soutien et de toutes mes pensées émues. Je tenais également à remercier toutes celles et tous ceux qui, de près ou de loin, se sont mobilisés pour venir en aide aux victimes.  

Ces inondations nous prouvent que notre système actuel a montré toutes ses limites quelle que soit la configuration (pluies, orages violents, ruissellement, …)  

La responsabilité est collective, elle ne touche pas un secteur en particulier mais est une question d’aménagement du territoire.  

A ce titre, j’avoue être quelque peu inquiet quand j’entends certains responsables politiques se lancer dans une “chasse aux sorcières” pour identifier les responsables. Ce qui importe, aujourd’hui, outre l’urgence, c’est de tirer les enseignements d’une crise sans précédent et non de tirer sur l’ambulance. Les services provinciaux sont en première ligne et resteront mobilisés pour soutenir et apporter des réponses structurelles aux défis que nous rencontrons. Nous devons en finir avec l’étalement urbain dès maintenant. Cette question doit être sur la table de la rentrée politique en septembre tant pour tenter d’éviter pareilles catastrophes à l’avenir que pour en limiter les conséquences.  

Plus que jamais, la Province doit jouer son rôle de pouvoir territorial. D’une part, la Province de Namur est déjà en charge de l’entretien des cours d’eau non navigables de 2e catégorie ainsi que de 3e catégorie en partenariat avec un grand nombre de communes de son territoire. A ce titre, elle a développé un précieux savoir-faire. Et d’autre part, on l’a vu, les inondations ne s’arrêtent pas aux frontières d’une commune. La gestion des cours d’eau doit s’envisager plus que jamais de manière supra communale. Enfin, lors de crises comme celles que nous avons vécu, la cellule de crise du Gouverneur coordonne l’ensemble des secours précisément sur le territoire provincial.   

C’est pourquoi, je vais plaider pour un renforcement du rôle de la Province à différents niveaux :  

  • Premièrement, en matière d’aménagement du territoire. Il faut mettre un frein à l’étalement urbain et repenser l’équilibre entre tissus urbains et ruraux. Il nous faut maintenir ou re-créer des respirations “vertes” pour lutter efficacement contre les inondations. C’est aussi un plus pour la biodiversité et pour le cadre de vie de tout un chacun. Notre cheval de bataille doit être la remise à ciel ouvert des cours d’eau pour recréer du lien entre le lit mineur et le lit majeur des cours d’eau afin de jouer un rôle de tampon naturel en cas de fortes précipitations. Le code de l’eau met l’accent sur cette question et la Province a clairement un rôle à jouer.  
  • Deuxièmement, au niveau de l’analyse des cartes d’aléa d’inondation. La Province de Namur peut accompagner les communes dans la reconstruction ou la relocalisation d’habitations sinistrées dans les zones impactées et dans leur développement futur. On ne peut pas faire l’économie d’un tel exercice vu l’ampleur des derniers évènements.  
  • En matière d’agriculture, il est bien trop facile de tirer sur les agriculteurs. Il faut aujourd’hui leur donner les moyens de modifier leurs modes de production afin de mieux prendre en compte le phénomène de ruissellement. Il faudra également les accompagner pour restaurer des barrières naturelles, notamment par la plantation d’arbres et de haies, mais aussi en aménageant des espaces herbacés, notamment dans les bandes de retenue imposées par la PAC.  
  • Au niveau de la gestion des cours d’eau, il est nécessaire de renforcer les prérogatives de la Province. Notre  rôle se cantonne trop souvent aujourd’hui à l’entretien et à la remise d’avis non contraignants. Il faut pouvoir lui permettre d’interdire et restreindre l’appétit de certains mais aussi d’avoir le rôle d’arbitre. Un diagnostic des cours d’eau, déjà partiellement réalisé au travers du processus PARIS, de la province sur l’ensemble des linéaires, toutes catégories confondues, doit être réalisé afin, notamment, de rappeler les obligations des propriétaires privés au niveau des cours d’eau non classés. La Province pourra alors, à la demande de ces propriétaires, jouer le rôle de conseiller, quitte à revoir les règles qui président, à ce jour, pour ce type d’interventions.   
  • Enfin, et c’est un élément que nous ne couvrons que partiellement aujourd’hui, et qui est par ailleurs trop éclaté, il nous faut participer activement à la réflexion pour le déploiement de bassins d’orages, afin, à nouveau, d’avoir une réflexion plus macro plutôt qu’uniquement sur base de contraintes locales (souvent liées à un projet de lotissement et donc d’étalement urbain par ailleurs).  
      

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que nous ne pourrons jamais prévenir tout risque d’inondations. Mais, par contre, nous devons tout faire pour minimiser l’impact de ces inondations sur nos concitoyens et leurs conséquences. D’une part, par solidarité, mais aussi par calcul économique. En effet, investir aujourd’hui massivement dans la prévention, en termes de planification mais aussi d’entretien, sera largement moins coûteux que le coût des dégâts de l’épisode que nous vivons actuellement et des répercussions sur l’activité économique qui vont se marquer à plus longue échéance.  

Il va falloir faire preuve de courage politique pour expliquer aux personnes résidant en zone inondable, qu’elles vont devoir reconstruire leur maison ailleurs, là où ils ne vivront plus sous la menace d’une énième inondation. Je ne comprendrais pas que l’on abandonne des citoyens dans des zones inondables alors que l’on connaît, aujourd’hui, les risques encourus.  

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